Chaque jour que dieu fait (haha…), nous assistons à un crime, un viol en réunion avec barbarie par voie anale et on ne bouge pas le petit doigt. On est tellement habitués qu’on ne s’en aperçoit même plus. On assiste à ça quotidiennement, ça fait partie du décor, ça ne choque plus. Je veux bien sûr parler du sort pathétique que nos contemporains infligent à notre belle (et un peu chiante c’est vrai, mais ça lui donne du caractère) langue: le français.
Attention, je vous vois venir d’ici, cet article ne traite pas des fautes d’orthographe. Pour la simple et plus ou moins bonne raison que je sais que je ne suis pas infaillible et je ne me permetterais pas de jeter l’huile bouillante sur les béotiens alors que je ne suis pas irréprochable. (c’est ça l’honnêteté intellectuelle, mon petit Bobby, prends en de la graine!) Non, je veux plutôt parler des glissements de terrain du français oral, des facilités qu’on se permet et des aberrations que l’on entend parfois. Seulement cinq exemples (pour le moment, j’en donnerai de nombreux autres si ça vous plaît):
D’abord, une pas trop facile à déceler et qui vous permettra de briller en société: l’emploi de l’indicatif à la suite de « Après que »; eh non, on ne dit pas « Après que je sois allée m’acheter un sex toy pour faire comme toutes mes copines », mais « après que je suis allée m’acheter des pantoufles en macramé bio ». Attention, il peut vous arriver plus fréquemment qu’à loisir de vous faire corriger par des barbares de la syntaxe, mais c’est un tel plaisir de les envoyer paitre leur veule ignorance dans leur obscure campagne que le jeu en vaut la chandelle! nb: il est également possible de dire « après qu’il fusse retourné chez sa mère, ce sale bâtard… » mais plus personne ne parle comme ça de nos jours et je ne suis pas sûr de le regretter.
Puis, le bon vieux « des fois » qui fait bien plouc et qui est pourtant trèèèès (troooooop) répandu. Pour les gens qui ne savent pas ce qu’on dit quand on n’a plus de vocabulaire qu’une fricassée de porc à la sauce caramel, en vrai il faut dire « parfois ». Oui, c’est dix mille fois plus élégant et non, ça ne prend pas plus longtemps à prononcer. La seule exception étant (je crois) dans la phrase: « ça dépend des fois. » mais je ne le dis pas souvent…
Alors que vous revenez de la cantoche où vous avez déjà mangé un plat qui met à rude épreuve vos boyaux, intestins et nerfs; vous vous faites régulièrement assiéger par la sacro-sainte question: « y a quoi ce midi à la cantoche? » ou encore « t’as mangé quoi ce midi? ». Ouais, moi aussi… Alors… le midi, c’est le sud. C’est un mot un peu désuet pour désigner une région française ou une ignoble gare bruxelloise. C’est complètement absurde de dire « ce midi » pour désigner l’heure du déjeuner, est-ce qu’on dit « ce minuit » pour désigner le moment où on ginche comme des oufs sur les derniers tubes de Bob Sinclar?!
Terminons par la reine des fautes, celle qu’on entend dans 95% des bouches et qui est pourtant totalement improbable: « SUR Paris », ou Limoge ou Strasbourg, ça n’a pas d’importance… Alors, pourquoi est-ce une faute? Parce que nous ne sommes ni des géants ni des milliardaires qui se déplacent exclusivement en hélicoptère. En dehors des deux cas précédent, je ne vois aucune raison de dire qu’on se rend et encore moins qu’on habite « SUR » une ville. Cette faute est issue du vocable fleuri et hautement délicat des VRP de banlieue! Rien de plus plouc que de dire qu’on part en vacance sur Marrakech ou sur NYC. Upgrade: Un jour, j’ai entendu une employée de bureau demander à une collègue « Et sinon, tu fais quoi sur Pâques » ouais… c’est du lourd là… Upgrade 2 (merci Houari, qui m’y a gentiment fait penser): Ca me rend fou d’entendre des trucs genre « ah c’est super, pour noël on monte sur Paname avec toute la petite famille!! »… c’est quoi Paris, une table? Une capitale au sommet d’un pays en forme de montagne? Il y a encore plus absurde cependant: les gens qui descendent sur Paris!!! A ce niveau là, je capitule, je chante des chansons dans ma tête, j’essaie de me souvenir la dernière fois que j’ai mangé des huîtres… bref, je trouve un moyen de plus être conscient de la présence de ceux qui m’entourent… pour éviter un massacre vous comprenez…
Ne vous méprisez pas, j’ai moi-même commis toutes ces erreurs, sans exception. MAIS lorsqu’on me corrige ou que je me rend compte de mon erreur, je fais des efforts, je me reprends et je fais tout mon possible pour annihiler la médiocrité de ma bouche. Oui, je ne suis qu’une pourriture intolérante de merde, mais je trouve ça détestable. En revanche et un peu étrangement je le confesse, je n’ai absolument rien contre les anglicismes, barbarismes et autres trucs en -isme verlans, même à l’écrit. Il était une époque où je corrigeais tout le monde, maintenant j’ai compris que mon combat était vain et que malgré toute ma verve et ma hargne, rien n’y ferait… Mais ça ne m’empêche pas de tout corriger ou de me faire des réflexions amères à l’intérieur de ma tête, à longueur de journée. Je dois avouer qu’en définitive, j’aime pas trop trop avoir mal à la tête à cause de la facilité putassière avec laquelle les gens se laissent corrompre par le côté obscur du discours.
En vous remerciant, bon week end.