Le cinéma, l’audiovisuel et le théâtre en France… Ah, quels merveilleux réservoirs de talents! Quelles pépinières d’artistes! Quelles sources intarissables d’originalité et de renouvellement!
Bon, ok, j’arrête… on n’y croit pas deux secondes…
C’est un milieu que je connais un peu, pour essayer d’y travailler, pour avoir fait partie du casting d’une comédie légère à but rigolo et décontractant, pour avoir postulé pour tout un tas de merdes en répondant aux annonces qui pleuvent dans ma boîte mail. (sans succès, je vous rassure)
Non, ce n’est pas l’aigreur qui parle. Même si j’avoue que je serais ravi de pouvoir enfin vivre de mon vrai métier, je ne veux vraiment pas me compromettre dans ce qu’on trouve aujourd’hui en France. Franchement, vous n’êtes pas soûlés de voir toujours le même film; toujours les mêmes gueules d’acteurs sympathiques, drôles et un peu moches à la fois; d’assister sans cesse aux tribulations rocambolesques et proches du quotidien de monsieur tout le monde? Pas un peu marre de ces films intitulés comme des rubriques faits divers d’un périodique de la Beauce? Pas une légère overdose de suivre les vies de trentenaires névrosés, empêtrés dans les noeuds d’un divorce difficile, qui ne trouvent pas la nouvelles âme soeur et qui se disent que peut-être, la vie à la campagne, c’est pas que pour les ploucs? Tout ça évidemment enrobé sous une nauséabonde couche de politiquement correct et de bons sentiments petit-bourgeois… Eh ben moi ça me fout carrément la gerbe!! Même si Danny Boun ou Gérard Jugnot voyaient en moi le nouveau héros populaire d’une France qui ne comprend vraiment plus rien à rien, je leur dirais qu’ils pourraient se le carrer au cul, leur scénar de merde dans lequel un jeune-de-banlieue-où-on-ne-fait-que-fumer-du-shit-voler-des-voitures-et-traîner-dans-des-cages-d’escalier-jusqu’à-pas-d’heure part dans le jura et découvre émerveillé que la vraie vie, elle est là, dans les belles valeurs de la France d’antan, dans les traditions séculaires trop longtemps oubliées de travail, famille, patrie et j’vous r’mets un p’tit coup de génépi, pour la route?
Quand est-ce qu’on retournera au Cinéma pour être un peu dérangé, émus par des histoires un peu non conventionnelles? Quand est-ce qu’on verra des films de gangsters un peu crédibles, avec des gens neufs (c’est à dire sans les indémodables Depardieu, Auteuil, Magimel)? Quand est-ce qu’on arrêtera de plébisciter des biopics sur des personnalités qui ont soit défrayé la chronique, soit été de vrais rebelles en leur temps mais dont les années et la mort ont fait des icônes défraîchies dans lesquelles tout le monde se reconnaît, même les connards qu’ils auraient eux-mêmes fustigé à l’époque!! (comprenez Coluche, auquel tout le monde se rallie aujourd’hui sous prétexte qu’il est mort il y a vingt cinq ans et que ça sonne bien de dire qu’on était son pote ou qu’on l’a toujours admiré).
Que dire de toutes ces pièces qui polluent de leurs affiches chatoyantes les murs de nos métros et de nos villes? Les « arrête de pleurer Pénélope 1&2 », les « femmes sont folles », les « un homme viiite! » et autre « couscous aux lardons »… Je n’invente rien, allez voir les spectacles les plus réservés sur billetreduc! C’est ça la théâtre?! C’est ça la sortie culturelle? Voici le pitch de « les femmes sont folles »: C’est l’histoire d’une fille qui prend une journée de RTT… Ahem, comment dire…? Mais ça intéresse qui?!? Remarquez, ça doit intéresser bien des cons, pardon, des gens; puisque cette pièce est à la sixième place des spectacles les plus réservés hier et que le public donne à la pièce une note moyenne de 4/5. C’est ça le pire. Parce que bon, que cette pièce existe, je m’en fout, je n’irai juste pas la voir. Mais de constater que c’est un succès, c’est quand même un très bon indicateur de la médiocrité et de la connerie ambiante. Comment ne pas avoir envie de mourir quand on aime l’art du spectacle et qu’on voit ce qui marche… Avouez que ça peut paraître décourageant. Plus d’absurde, de révolte ou d’émotion au théâtre, juste de la bouillie drôlatre qui parle de monsieur et madame tout le monde qui prend une journée de RTT. C’est triste. Évidemment, je sais, il y a des exceptions. Malheureusement noyées dans ce flot rugissant de fiente au relents de rire gras estampillé TF1 production.
Que dire des séries françaises? Rien. Tout a déjà été dit. Lorsque la production Française comprendra qu’il faut plein d’auteurs talentueux et beaucoup plus de moyens pour faire une bonne série télé, on sortira peut-être un peu du gouffre abyssal de Plus belle la vie.
Bon, je vous laisse, je me sens un peu nauséeux…. et j’aime pas trop trop ça.